1. La Madone est l'un des six tableaux qui ont survécu à l’épreuve du temps

Des œuvres de Jean Fouquet, seuls six tableaux autonomes ont survécu à l'épreuve du temps. Parmi ces œuvres figure le célèbre tableau représentant la Madone qui est incontestablement le joyau de la collection du KMSKA. La Madone fait partie d'un diptyque. Bien que les deux panneaux fussent séparés au XVIIIe siècle, son pendant trouva également sa place dans un musée, notamment à la Gemäldegalerie de Berlin. Il représente Etienne Chevalier, le donateur du diptyque, accompagné de son saint patron.

De Madonna als deel van een tweeluik, zaalzicht van de reünie
La Madone de Fouquet fait partie d'un diptyque

2. La Madone est italienne

Jean Fouquet fut très jeune lorsqu’il partit pour l'Italie. Il fut émerveillé par les nouvelles formes d'art qui y fleurissaient. À première vue, la Madone du KMSKA montre peu d'influences italiennes. Le découpage de Marie à hauteur des genoux, ayant pour effet que la Madone se rapproche de nous,  suit pourtant le modèle italien. Il en va de même pour l’attitude distante de la Madone qui est d’influence plus italienne, surtout lorsqu’on la compare à la relation chaleureuse que l’on trouve par exemple entre la mère et son enfant chez Jan van Eyck.

La Madone entourée de séraphins et d'angelots - Jean Fouquet
La Vierge à la fontaine - Jan van Eyck

3. La Madone est révolutionnaire

Jean Fouquet observa également scrupuleusement les Primitifs flamands et leurs innovations. À leur instar, il fit refléter les fenêtres dans les ornements du trône, la lumière dans les yeux des anges et les traits du visage sont réalistes. Les Primitifs flamands étaient les maîtres du portrait et surtout,  ils savent donner une évidence presque tactile aux étoffes. Fouquet sait allier de façon unique les deux traditions artistiques, révolutionnant ainsi à lui tout seul la peinture française.

Détail avec reflet

4. La Madone est un portrait

La Mère de Dieu fut considérée comme la femme idéale. Les artistes développèrent une sorte de modèle standard de Marie, une image complète de ce à quoi une femme devait ressembler. Lorsque l'idéal de la beauté changea, à Marie aussi, on donna un nouveau look. Toutefois, son visage ne fut jamais un réel portrait : Marie devint ainsi une sorte de sainte Miss Univers. Jean Fouquet en avait une vision toute différente. Il représenta la Madone sous les traits d'une vraie femme : Agnès Sorel. Pourquoi Agnès Sorel ? Fut-ce un vœu du donateur Etienne Chevalier ou une extravagance de Fouquet lui-même ?

Enkele voorstellingen van Maria naast elkaar

5. La Madone, est-elle réellement Agnès Sorel ?

S'agit-il réellement d'Agnès Sorel ? Sur ce point, les avis des historiens de l'art divergent. Le nez, la fossette au menton et les traits du visage se rapprochent certainement de ceux de son gisant et masque mortuaire. Par ailleurs, Marie porte habituellement une robe difforme aux mille plis, or le tableau montre une femme habillée dernier cri, bien trop portée sur la mode pour être standard.

Le gisant d'Agnès Sorel

6. La Madone est une recette éprouvée

À vrai dire, la Madone n'est pas unique : Fouquet réalisa une version antérieure d’elle, mais cette image fut surpeinte par la suite d’un portrait de Charles VII. Grâce aux radiographies, on a pu révéler l’image sous-jacente : une Madone aux seins nus et arrondis dans la même posture que la Madone au KMSKA, mais sans la présence des anges. Elle est un peu à l’étroit dans les dimensions du panneau. La composition ne fut donc pas tout à fait réussie. Est-ce la raison pour laquelle Fouquet l'a surpeinte ? A-t-il attendu un nouveau donateur pour peindre sa Madone idéale sur un panneau plus grand ?  Les recherches montrent que la Madone au KMSKA fut peinte sans corrections, hésitations et tâtonnements. Peut-être le résultat de « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage » !

Eerdere versie van het werk, overschilderd door de kunstenaar
Une version antérieure de la Madone fut surpeinte par l'artiste

Après des voyages successifs à Berlin et à Los Angeles, la Madone est revenue à Anvers. Elle est l'une des deux hôtesses de l'exposition La Madone rencontre Margot l'enragée au Musée Mayer van den Bergh.