Un tour d’horizon sur James Ensor - Épisode 1
James Ensor était incontestablement le plus grand moderniste belge. Dans cet épisode, nous chercherons ses racines à Ostende.
Le livre pour enfants est devenu un genre universel, un ouvrage qu’on prend plaisir à feuilleter ensemble en famille. Les illustrations et les arts libres relèvent du même esprit. Et le livre d’art pour enfants mérite sa place dans ce genre. Mais pourquoi au fond ?
par Nathalie Pauwels
Une évidence : le livre d’art pour enfants prend diverses formes. Celle du roman par exemple. Finn Zetterholm a lancé le mouvement en 2004 avec Julia’s reis, une trilogie narrant les élucubrations de Julia, douze ans, qui tombe d’un tableau dans un autre après avoir touché une œuvre de Rembrandt. Elle rencontre aussi Léonard de Vinci et Edgar Degas lors de son périple pictural.
Dans le même style, mais pour un public plus jeune : Het Geheim van de Vlaamse Meesters publié par Maartje Van der Laak en 2019. Arthur et Emma sont entrés au Musée Museum Mayer van den Bergh et se trouvent catapultés dans l’enfer de Margot l’Enragée. Les enfants vont ensuite révéler les secrets de Jan van Eyck et Pierre Paul Rubens. Des livres comme ceux-ci utilisent l’histoire de l’art pour monter une aventure. Les illustrations de tableaux ne servent que de références.
Paul De Moor & Francis Alÿs, Ludion
Les maisons d’éditions Ludion et De Eenhoorn se sont intéressées entre 2011 et 2015 à l’art contemporain belge pour produire des livres illustrés. Brigitte Minne écrit pour De Eenhoorn un livre d’enfants sur les expériences du petit Jan Fabre et de Panamarenko.
Paul De Moor a eu pour Ludion des entretiens avec Luc Tuymans, Michaël Borremans, Francis Alÿs et la photographe du chantier du KMSKA Karin Borghouts pour en extraire l’essence de leur art. Alÿs a illustré lui-même sa contribution à la série à l’intention des adolescents.
Alÿs est loin d’être le seul artiste à mettre son talent au service du livre pour enfants. On peut même dire que l’évolution du genre est due en partie à des artistes. William Morris (1834-1896) estimait que la meilleure manière d’améliorer le sort des ouvriers passait par l’éducation de leurs enfants et le démontra en publiant de beaux livres pour la jeunesse, lui offrant en quelque sorte une galerie sur rayonnage.
On peut même dire que l’évolution du genre est due en partie à des artistes.
En Belgique, Felix Timmermans (1886-1947) et le peintre Edmond Van Offel (1871-1959) produisirent des illustrations pour des recueils de poèmes et d’histoire composés par un enseignant inspiré, Hendrik Van Tichelen (1883-1967). Timmermans y citait du reste parfois Ensor et lui empruntait ses ambiguïtés. Une totale nouveauté à une époque où les livres pour enfants étaient sous la férule de l’Église.
L’artiste et designer italien Bruno Munari (1907-1998) produisit dès 1945 pour son fils de cinq ans des livres d’images dont l’influence est encore palpable, dans un esprit ludique et frondeur. Munari fut en fait le premier à se demander comment faire du lecteur le personnage principal d’un livre.
Hervé Tullet, Oogappel
C’est aujourd’hui le principe de base des livres de Hervé Tullet, héritier spirituel de Munari. Dans Un livre (paru en 2015) Tullet invite les enfants à appuyer sur des touches, à secouer le livre pour constater l’effet de leurs actes à la page suivante. Le ludisme et la forme de ses ouvrages est entièrement en ligne avec l’imaginaire des enfants. De grosses taches éclaboussent les pages avec la frivolité des enfants maniant de la peinture. Tullet enseigne lui-même l’art aux enfants et se place totalement à leur niveau dans sa démarche.
Bart Desmyter fonde en 1990 la maison d’éditions indépendante De Eenhoorn avec comme prémices la liberté absolue des illustrateurs, souvent d’anciens étudiants des Beaux-Arts, et des textes enlevés. D’autres éditeurs lui emboîtent le pas et le reste du monde suit.
Le livre illustré flamand est depuis lors une référence en la matière, avec une myriade d’illustrateurs très différents, comme Carll Cneut – qui a également produit un livre sur Margot l’enragée –, Ingrid Godon et plus récemment Fathina Ramos. Tous exposent aussi dans des musées.
Cette petite révolution n’a pas échappé aux organisateurs du salon du livre pour enfants de Bologne. Les illustrateurs flamands sont même devenus le cheval de parade de ce salon, le plus grand au monde.
Le manque de livres d’art pour enfants a incité Roger Thorp de Tate Publishing à créer en 2004 un fonds spécial pour ce type d’ouvrages. Aux Pays-Bas, le Kunstmuseum de La Haye s’est associé en 2010 avec la maison d’éditions Leopold.
Jet van Overeem, directeur du service éducatif du musée : ‘Nous avions constaté que si quantité de livres d’art pour adultes paraissaient chaque année, il n'y en avait pratiquement pas pour enfants. Nous voulions y remédier.’
Le livre pour enfants Meneer Kandinsky was een schilder connut un succès immédiat et remporta même le prix littéraire Zilveren Penseel pour les meilleures illustrations. Une série était née, même si ce n’était pas le but à l’origine.
‘Nous voulions a priori éditer un livre d’art pour enfants selon le concept de l’album illustré avec des textes imaginatifs et voir si le concept plaisait au jeune public,’ explique Van Overeem. Le Kunstmuseum publie depuis lors deux livres de ce type par an.'
L’illustration est-il de l’art, c’est là matière à un autre débat, un autre article. Mais une conclusion s’impose d’ores et déjà : nous vivons une période faste et le marché du livre d’art pour enfants est en pleine expansion. Des livres pour enfants faits avec art. Pour le plus grand plaisir des parents aussi.