Le restaurateur : l’histoire des soeurs
Dans la première série Le restaurateur, nous suivons les sœurs jumelles Ellen et Jill, qui restaurent ensemble une toile de Jacob Jordaens.
Deux œuvres de Rubens de la collection du KMSKA ont récemment fait le voyage à L.A. pour l'exposition intitulée « Picturing Antiquity » au J. Paul Getty Museum. Mais Covid-19 en a décidé autrement. Le musée a dû reporter sa prestigieuse exposition Rubens d'un an. Cela signifie-t-il la fin de leur séjour ? Fort heureusement, ce n’est pas le cas puisque pendant leur séjour prolongé l'atelier de restauration du célèbre institut américain se chargera de la restauration de deux tableaux. Gwen Borms, maintenant loin de ces œuvres, nous fait part des interventions qui se déroulent à distance.
Pendant que nous restons confinés, elles traversent l'océan Atlantique : Le portrait de Jan-Gaspar Gevartius et La Sainte Trinité. Deux peintures à l'huile sur panneau qui nécessitent une restauration pour diverses raisons.
Kari Rayner se chargera du Portrait de Gevartius. Devi Ormond prendra soin de La Sainte Trinité. Les deux restauratrices seront assistées par Ulrich Birkmaier, conservateur principal du musée J. Paul Getty.
Quels sont les problèmes avec le portrait ? Découvrez les questions auxquelles la restauratrice sera confrontée à Los Angeles.
Gwen Borms: « Souvent, c’est exagéré. La plupart des restaurations ont bien sûr lieu dans notre propre atelier qui tourne à plein régime. Nous faisons restaurer chaque année une ou deux œuvres par d'autres institutions. Ainsi, le Kunsthistorisches Museum de Vienne a été chargé de la restauration de notre Venus Frigida, qui est également une œuvre de Rubens. Et puis, le musée Mauritshuis a récemment restauré pour nous La Fête de noce de Jan Steen. Ce n'est pas la première fois que nous collaborons avec le musée J. Paul Getty. Auparavant, leur atelier a également restauré deux panneaux de Gérard David. »
Gwen Borms: « Une raison importante, c’est l'échange de connaissances. C'est une façon de rester informé des nouveaux développements dans le domaine. Le monde de la restauration est en permanente évolution. Il est important de rester au courant de ce qui se passe au niveau international. Dans ce cas précis, le musée J. Paul Getty prend totalement en charge la restauration y compris le transport. Cela s’explique par le fait que l'une des œuvres a été demandée en prêt pour une exposition qu'ils organisent. Une belle contrepartie, n’est-ce pas ? »
Pourquoi faut-il restaurer ce panneau de Rubens ? Faisons le point de tous les problèmes.
Gwen Borms: « Bien sûr, il est un peu plus difficile de suivre un tel projet d’ici. Du fait de la grande distance, nous ne sommes pas en mesure d'étudier physiquement les œuvres de façon régulière. Beaucoup d'informations visuelles sont envoyées dans les deux sens. Cela rend le processus décisionnel plus compliqué et plus lent. »
Gwen Borms: « Il y a une consultation numérique régulière avec les conservateurs qui partagent tout avec nous. Il en va de même pour nous. Nous partageons toutes les informations, les documents d'archives et publications. Avant le départ des œuvres, nous les avons dûment étudiées et photographiées. Elles ont aussi reçu une intervention de conservation afin que leur transport vers les États-Unis soit sans risque.»
Le monde de la restauration est en permanente évolution. Il est important de rester au courant de ce qui se passe au niveau international.
Gwen Borms: « L'état des œuvres ainsi que les techniques et matériaux potentiellement utilisés pendant le traitement. Nous abordons également les résultats de l’étude préalable à la restauration et nous cherchons ensemble des réponses aux questions relatives aux matériaux et techniques. Le panneau du portrait de Jan-Gaspar Gevartius, par exemple, est très fragile. Il y a plusieurs fissures le long des joints. Avant de pouvoir les restaurer, nous devons connaître leur origine. »
Gwen Borms: « Avec grand plaisir. » (rires)