Om onze duinen te redden
Pour sauver nos dunes
Désireux de bien faire j’ose vous exposer, combien imparfaitement toutes mes inquiétudes,
avant tout , je tiens à signaler la beauté grave de nos dunes, leur grace
aérienne, leur ténuité exquise de dentelle finement festonnée de fragilité.
Formées des souffles puissants de l’ouest, du nord et cardinaux, composées des nacres
venues de la mer, du ciel et du soleil, elles épousent en harmonie les ondulations
de la vague turbulente et sans fin.
Aimons la majesté de leurs lignes élégantes, la blondeur venuséenne de leurs
croupes mamelonnées la virginité suave de leurs flancs lavés par les flots
Chastes et précieuses, rebelles aux souillures, aux baves, aux boues gluantes de nos terres,
elles élevent nos pensées, affinent nos sens. Oui, elles sont belles incomparablement
mais j’entends parler de certains projets vraiment néfastes à mon avis. Il est
question de boiser les dunes à Oostduinkerke, Coxyde, La Panne. Là sont les plus
belles dunes, là elles maintiennent leur grace sauvage, leur élévation altière.
Pourquoi couper les grands horizons, étriquer les points de vue admirables, planter
des arbres en ce milieu hostile, ce paradis stérile et magnifique où l’arbre souffre
et meurt sous le tranchant vif des bises cruelles et les baisers coupant des vents durs ?
Vers le Coq sur Mer et vu du tram le noble paysage dunier est complètement
masqué par un rideau continu de méchants arbres rabougris crachant
piteusement leurs feuilles minables. Ainsi le site se vulgarise, la
ligne d’horizon est fort rétrécie ou manque totalement. Déplorable essai
opinent nos artistes et gens de goût.
Un outrage à la dune est irréparable, la dune est immuable et unique
et quel charme d’exception elle offre à nos visiteurs.
Nos admirables sites maritimes sont fort compromis, nos visiteurs au-
-ront vu partout des arbres, des parcs à foison, des jardins de tous côtés,
des peupliers, des saules surpeuplent nos campagnes et leurs fiers pana-
-ches magnifient nos champs réguliers, mais combien la dune est rare,
combien est précieuse sa ligne fine et caressante, lien délicieux re-
-liant nos plaines placides de Flandre aux plaines mouvementées
et profondes de la mer.
Aimons nos belles dunes poudrées de douceur, quand sensibles au
frolement d’une tige ou ridées par le soupir d’un insecte, elles
tressaillent au doux baiser d’une fleur, quand le salut brusque
d’un roseau les blesse, les agite.
Ah! il faut sauver leur suavité ! La dune élève nos pensées vers
la pureté et réconforte nos cœurs. Réservoir intarissable de santé,
elle invite à la vertu les esprits les plus veules, anti-microbienne,
elle purifie nos corps, enfin divinement elle enchante nos visions.
Sauvons nos dunes, chers confrères, grâce pour elles, quand vidées,
profanées, salies, mutilées elles étaleront leur misère nous en aurons
regrets et quand enfin leurs charmes seront totalement morts nous
en auront repentir.
Sauvons, Sauvons nos dunes et nous
aurons bien mérité de la Patrie
Br. [baron] James Ensor
Over dit archiefstuk
Identificatie
- Objecttypehandschrift
- TitelOm onze duinen te redden
- RelatiesAuteur: Ensor, James
- Onderwerpduinen
Kenmerken
- Genrebeschouwend proza
- Dragerpapier [vezelproduct]
- schrijfmateriaalpennen
- TaalFrans
- Digitaal afbeeldingsnummerA3799
- CopyrightPublic domain
Locatie
- MagazijnlocatieKMSKA archiefdepot
- Deel van archief
Extra gegevens
- Gerelateerde publicaties
- IIIF manifesthttps://iiif.kmska.be/iiif/3/35036/manifest.json
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