‘Nous allons à la Maison’

En avril dernier, Ayman, Emiel et Yassin ont joué la pièce de théâtre Maison au KMSKA. Ils ont écrit cette pièce eux-mêmes. Le projet s'inscrivait dans le cadre du travail de jeunesse De Trappen. Youssef Lambarat, responsable du projet, a eu une conversation avec les étudiants d'Art des mots sur... la maison. Qu'est-ce que c'est, être chez soi ? Se sentir chez soi ?
Par Youssef Lamrabat
Vous venez tous les trois d'horizons différents et vous vivez à Anvers. Comment cela vous a-t-il influencés en tant que personnes et en tant qu'artistes ?
Yassin Hens "Mon père est marocain et ma mère flamande. Je me sens comme un mélange de tout. Lorsque je travaille, j'essaie de rechercher mon héritage des deux côtés, car je pense que les deux sont également importants. Même s'il me manque une partie des deux côtés. Ce que je regrette parfois, parce qu'alors on ne se sent vraiment chez soi nulle part".
Emiel Crutzen "Anvers me donne beaucoup d'inspiration, beaucoup de choses se passent entre les murs de la ville. Je suis convaincu que c'est cette ville qui m'a fait. Je serais quelqu'un de complètement différent si je vivais ailleurs.
Ayman Sitiane "Je suis né et j'ai grandi à Anvers. Mes parents sont marocains et j'utilise ce lien comme source d'inspiration : la culture, la musique, l'histoire de ma famille, c'est là que je puise l'inspiration pour mon travail. Mon héritage est ma fierté".


LE KIEL
Vous avez choisi l'œuvre de Jacob Grimmer Le Kiel pour créer une performance autour de cette œuvre. Pourquoi cette œuvre ? Et comment êtes-vous arrivé au thème Maison ?
Emiel 'Anvers est très diversifiée, avec de nombreuses personnes issues de mondes complètement différents. Pourtant, tout le monde se retrouve dans la même ville. Un peu comme nous. Nous voulons montrer à quel point nous sommes tous les trois différents, mais que nous restons les mêmes. C'est aussi notre point de départ et notre message : tout le monde est pareil".
Yassin "Ce que nous voulons avant tout, c'est que le public se sente chez lui. Les laisser s'amuser et se détendre, comme s'ils étaient assis dans leur canapé à la maison.
Le Kiel est complètement différent aujourd'hui. Si vous deviez jouer la pièce pour vos pairs au Keel, que voudriez-vous qu'ils retiennent ?
Yassin "Qu'ils ont leur place. Les jeunes ont souvent l'impression d'être en marge de la société. Cela crée un sentiment d'insécurité et on commence à se mettre à l'écart de tout et à avoir une mentalité de « tout foutre en l'air ». Je pense que c'est vraiment dommage".
Emiel "Je dirais: faites un plan et ayez de la discipline. Vous y arriverez.
Cinéma ou théâtre ?
Quelle est votre plus grande influence artistique ?
Yassin 'Le théâtre, c'est vraiment cool. Les musées et les galeries sont également très intéressants. Je pense qu'il est très amusant de se promener au KMSKA et de regarder la vie intérieure d'autres personnes. J'admire l'expression personnelle et je suis plus enclin à la rechercher dans un pinceau, une peinture ou un monologue. Pour moi, regarder de l'art est aussi amusant que d'en faire soi-même".
Ayman "J'aime aussi toutes les formes d'expression artistique. Mais mon amour va surtout au cinéma. Quand je regarde un film, je m'y perds. J'espère pouvoir un jour réaliser des films sur le patrimoine culturel".
Si vous deviez choisir entre le cinéma et le théâtre ?
Emiel : "Pour moi, c'est le cinéma, mais il faut toujours commencer par le théâtre. Au cinéma, on peut faire tellement d'erreurs et rester le meilleur acteur. Mais au théâtre, il faut apprendre à utiliser les erreurs. Donc pour moi, j'aime la combinaison entre le cinéma et le théâtre pour faire son métier.
Yassin "Il est difficile de choisir, mais j'opterai quand même pour le théâtre. C'est la base. Il faut d'abord apprendre l'alphabet avant de commencer à écrire. Le théâtre est aussi plus amusant parce qu'il y a un dialogue direct avec le public. Avec le cinéma, j'ai parfois l'impression qu'il n'y a pas de contact.
Un art sain
En tant que créatrice, je sais que l'inspiration n'est pas toujours au rendez-vous. Où cherchez-vous l'inspiration ?
Emiel "J'ai un coin créatif chez moi et c'est là que j'écris ou que je dessine. Je regarde aussi beaucoup par la fenêtre. Cela me donne beaucoup d'inspiration.
Aymen "L'art est vraiment très important dans notre société. C'est très sain pour l'âme. Que l'on soit artiste ou non. Il suffit d'aller voir une œuvre pour se sentir bien après.
Yassin "Il n'y a pas de meilleure thérapie que d'aller au musée ou de voir une pièce de théâtre. La plupart des gens se disent « je ne suis pas doué pour ça, alors je ne vais pas le faire ». Faites-le ! Il n'est pas nécessaire que ce soit beau ? L'art est en fait le remède pour notre société qui s'aigrit".
Rêve ultime
À quoi ressemble votre projet de rêve ?
Ayman "Être réalisateur avec un très grand casting, et de préférence des acteurs qui n'ont pas encore trop ou pas du tout d'expérience. Bien sûr, j'aimerais voir Denzel Washington ou quelque chose comme ça dans mon casting, mais par nature, j'aime donner des opportunités aux autres.
Emiel "J'aimerais travailler sur un film avec des acteurs que j'apprendrai à connaître, comme je le fais maintenant progressivement. Je verrais alors comment se passe l'alchimie. Si elle est bonne avec ces personnes, alors il faut continuer à travailler et à grandir. Comme nous l'avons fait un peu maintenant. J'aime découvrir".
Yassin "Je fais moi-même partie du théâtre socioculturel, mais j'aimerais travailler en tant que metteur en scène avec des gens qui n'ont rien à voir avec le théâtre. Leur montrer que ce n'est pas difficile du tout. Mais mon rêve ultime est de discuter avec Helena Bonham Carter. Je pense que c'est une actrice terrifiante aux multiples facettes".
De Trappen



Cet article est paru précédemment dans ZAAL Z, le magazine du musée. Pour 35 euros à peine, vous recevez déjà quatre éditions qui vous plongent dans l'univers fascinant du musée et de sa magnifique collection.