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Beste vrienden, mooie vrienden, trouwe vijandelijke maskers en anderen, ik buig en groet jullie, geraakt door het gevarieerde en innige accent van jullie eerbetuigingen.

Redevoering voor een banket in Brussel op 10 februari 1929 n.a.v. Ensors retrospectieve tentoonstelling in het Paleis voor Schone Kunsten (Bozar Brussel)

10 février 29

 

Chers amis, belles amies, masques ennemis loyaux

et autres. Je m’incline et vous salue, touché par l’accent

varié et profond de vos hommages.

Saurai-je de ma voix fanée vous dire les bonheurs et

les affres du vieux peintre trop fêté?

Rétrospective combien lourde à porter…

Abreuvé de délices, bourré d’enthousiasme, noyé de joie, gavé

de réconfort, aveuglé par vos lumières, assourdi par vos appels, sti-

-mulé par vos éloges, farci de vos vitamines, soulevé de mon siège

balancé sur ma chaise, je renacle et caracole tel vieux coursier

en mal de stabilité.

Ah! la vie n’est qu’une palpitation et l’histoire d’icelles fut l’his-

toire de ma peinture, en broyant du noir j’ai vu surtout du rose

vision irisée des peintres de l’espace, vision de Narcisse malmené par Pluton.

Vie simple uniforme de bon ton, dit-on, mais emplie des couleurs vives

et tendres vomies par les poissons nacrés, pêchés dans les eaux vives

de Phnosie par les pêcheuses de Narquoisie.

Nos beau rêve phosphoré : finir en beauté tendrement enlacé par

pieuvre passionnée; couché parmi les moules parquées d’Ostende et

les sirènes bavardes, je m’offrirai aux baisers avides des jolies bêtes

des eaux du Ciel, de la Terre et de la Mer.

Et vous amis sculpteurs ci-présents, saurez-vous mouler mon

masque décomposé, déformé par la lumière, anobli par les eaux?

Mes chers amis, a il faut louer le courage périmé, les grandes

œuvres de lutte des confrères disparus, et quand les lucioles

claires porteuses de lumière s’abîment tristement dans les ma-

-rais fangeux, il faut louer sans cesse en tous sens, en tous

lieux, le sourire lumineux, le sourire éternel des bons maîtres

du passé.

Au temps enténébrés de mes débuts au Cercle La chrysalide

à l’Essor, cercles peureux, puis aux Vingt et à la Libre Esthétique

milieux glorieux, crachant feu et flamme, quand sonnaient

et fusaient les francs rires des imbéciles, les sourires des érudits, les

soupirs cruels des vieux critiques, les longs outrages, les imcompré-

 

A4118_002 (links)

 

-hension tenaces, les cris d’horreur des bécasses les brimades,

les pluies de pain et d’oignons; quand les esthètes exas-

-pérés échangeaient force horions; après vinrent pour me

panser les vierges consolatrices, les dames en détresse, les

bas-bleus isabellés, les servantes accortes portant haut

leur petit nez retroussé.

Puis le malheur des pouilleux indisposés des poissardes

mélancoliques, des masques scandalisés et singuliers, les

douleurs des Christ tourmentés me dirent bien des choses.

Et maintenant c’est le grand contraste, l’époque dite des

libertés, des licences, du bon accueil aux chercheurs des

banquets, des fleurs en bouquet, des cuisiniers dangereux,

des vivisecteurs impunis, des destructeurs de sites, des

ratiboiseurs de nos bois précieux, des violeurs de nos dunes

suaves, des combleurs de nos bassins prestigieux, des vandales

effrontés, des architectes cubiques aux derrières croulants mal

bétonnés, des médicastres aux moëlles de ouistiti, des censeurs

pudiques verbalisant , encore des gabelous farfouilleurs à

l’index erectile osent griffer les pages libres et humaines de

nos grands artistes.

Mais tout de même là-bas au loin, cachés en des coins

arpentant des plaines, des chercheurs méconnus jeunes

et vieux veillent, certains chancellent, ils vous appellent

Oui, des travailleurs masqués broient des couleurs d’aurore,

affinent des pourpres nouvelles, polissent et repolissent des

marbres et des bronzes, forgent des tableaux, pétrissent des

gaz, taillent des pierres précieuses pour orner le berceau

des hommes de demain et des braves enfants cueillent

pieusement des roses pour parer les dames de leurs

pensées et ceinturer leurs compagnes humanisées.

,

hension tenaces, les cris d’horreur des bécasses les brimades,

les pluies de pain et d’oignons; quand les esthètes exas-

-pérés échangeaient force horions; après vinrent pour me

panser les vierges consolatrices, les dames en détresse, les

bas-bleus isabellés, les servantes accortes portant haut

leur petit nez retroussé.

Puis le malheur des pouilleux indisposés des poissardes

mélancoliques, des masques scandalisés et singuliers, les

douleurs des Christ tourmentés me dirent bien des choses.

Et maintenant c’est le grand contraste, l’époque dite des

libertés, des licences, du bon accueil aux chercheurs des

banquets, des fleurs en bouquet, des cuisiniers dangereux,

des vivisecteurs impunis, des destructeurs de sites, des

ratiboiseurs de nos bois précieux, des violeurs de nos dunes

suaves, des combleurs de nos bassins prestigieux, des vandales

effrontés, des architectes cubiques aux derrières croulants mal

bétonnés, des médicastres aux moëlles de ouistiti, des censeurs

pudiques verbalisant , encore des gabelous farfouilleurs à

l’index erectile osent griffer les pages libres et humaines de

nos grands artistes.

Mais tout de même là-bas au loin, cachés en des coins

arpentant des plaines, des chercheurs méconnus jeunes

et vieux veillent, certains chancellent, ils vous appellent

Oui, des travailleurs masqués broient des couleurs d’aurore,

affinent des pourpres nouvelles, polissent et repolissent des

marbres et des bronzes, forgent des tableaux, pétrissent des

gaz, taillent des pierres précieuses pour orner le berceau

des hommes de demain et des braves enfants cueillent

pieusement des roses pour parer les dames de leurs

pensées et ceinturer leurs compagnes humanisées.

Il faut les aimer, les appeler, les protéger, ils seront

purs et sensibles, ils aimeront les bêtes toujours belles et bonnes,

ils seront grands, ils seront beaux en survolant les terres promises.

Petits prophètes repus et sans loi, petits pères, mécènes endo-

-loris sans foi, et vous novateurs sans toits attendons les messies

tant désirés, les messies des formes pures, des couleurs fluides,

des couleurs des rêves, des sens de la vie, enfin.

chers amis, belles Amies ou ennemiS, levons nos verres à

ceux qui s’en vont, tendons nos verres à ceux qui viendront,

vidons nos verres à ceux du présent et saluons la vie des

êtres et des choses, la vie imperissable, la vie infinie.

Je veux vous remercier tous en bloc et en corps, je ne

puis citer tous vos bienfaits, vous êtes trop nombreux; je re-

-mercie ceux qui donnent leurs œuvres, ceux qui dépensent

sans compter leur temps précieux. Je remercie mes amis de

Belgique et de l’Etranger.

Je remercie les organisateurs et tous mes défenseurs en

paroles et en action. Vous avez fait de moi un heureux

de la terre, encore merci et de cœur.

Chers masques et Amis, un dernier mot pour Monsieur

Max, bourgmestre maternel de notre grand Bruxelles

du présent, de notre magnifique Bruxelles du passé

De Bruxelles joie de mes parents; mon père est né chez

vous en 1835.

Je revois mes amis de 1880, l’époque ardente des luttes

pour l’Art; ils sont morts les amis de Joie et d’ivresse

tous purs Bruxellois et premiers défenseurs: Edmond Picard,

Maus, Waller, Demolder, Lemonnier, Eekoud, de Haulleville,

mais fiche de consolation, il nous reste Sander Pierron, le

bon ami de Neptune, l’explorateur canalisé des plate-côtes

de Molenbeek, des bas fonds d’Ixelles, des rives de Maelbeek

d’Etterbeek et de Marollebeek.

 

,

J’entrevois parmi vous sous des masques interroga-

-teurs ou des loups noirs : Charles Bernard, aux

dents longues, De Rudder, chaud d’esprit et de cœur,

Solvay, portant haute et ferme le pavillon respectable

de l’art cher ceux petits bourgeois bruxellois.

Et maintenant je veux songer à Manneken-pis le plus

ancien bourgeois bruxellois, le Roi de vos fêtes, l’animateur

interrissable des esprits brabançon, l’arroseur acide, causti-

-que effervescent.

Mesdames, messieurs, masques, ministres, Bourgmestres, cri-

-tiques sévères et autres, Je vous adresse une prière :

Je vous demande pour Manneken-pis un costume de peintre.
Ah ! qu’il serait beau votre enfant portant la blouse bigarée,

le feutre en bataille de nos peintres.

Il fut sans-culotte[1], grognard, bourgeois-citoyen, garde-ci-

-vique, fonctionnaire breveté, archer médaillé, pêcheur, Gilles,

défenseur de la chose publique, de lu république, de la

constitution, il fut libéral, catholique, socialiste, franc-maçon,

anglais, français, américain, international, amiral, géné-

-ral, caporal ; qu’il soit peintre enfin et tous nous appleu-

-rons : « Vive Manneken-pis, le bon cracheur la

mascote des francs peintres, le dieu mignon habillé

par nos sœurs, l’emblème viril de nos garçons, qu’il soit

peintre enfin et Vive monsieur Max son parrain sym-

-pathique. Applaudissons à tout rompre, saluons monsieur Huysmans Van den Nest,

l’échevin distingué et astiqué des Beaux Arts de Bruxelle (sic) la reine

fleurie de nos cités.

 

                                                               James Ensor

 

Et chers amis je vous convie à vider cette coupe ou fume en bouillon-

Over dit archiefstuk

Identificatie

  • Objecttypehandschrift
  • TitelBeste vrienden, mooie vrienden, trouwe vijandelijke maskers en anderen, ik buig en groet jullie, geraakt door het gevarieerde en innige accent van jullie eerbetuigingen.
  • Datum10/02/1929 - 21/04/1934
  • RelatiesAuteur: Ensor, James
    La Chrysalide, L’Essor, Les Vingt, La Libre Esthétique, Max, Adolphe, Picard, Edmond, Maus, Octave, Waller, Max, Demolder, Eugène, Lemonnier, Camille, Eekhoud, Georges, Haulleville, de, Prosper, Pierron, Sander, Bernard, Charles, Solvay, Lucien, Huisman-Van den Nest, Alphonse
  • PlaatsBrussel
  • Onderwerptentoonstellingen

Kenmerken

  • Genreredevoeringen
  • Dragerpapier [vezelproduct]
  • schrijfmateriaalpennen
  • TaalFrans
  • Digitaal afbeeldingsnummerA4118
  • CopyrightPublic domain

Aantekeningen

  • Annotatie-Inhoud- Op het handschrift staan twee data in potlood genoteerd: '10 février 29' en '21 avril 34'. - Ensor vermeldt ook 'De Rudder', dit is mogelijks criticus Arthur De Rudder.

Locatie

Extra gegevens

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