peinture

Les Boëchelles. Deux enfants paysans wallons

Léon Frederic

Dans le dernier quart du XIXe siècle, un nombre d'artistes belges s'intéressent au sort des gens simples. Léon Frédéric est l'un d'entre eux. Il aimait visiter les Ardennes, plus pour les gens que pour la nature. L'artiste a pu observer attentivement ces jeunes filles et les peindre ensuite d'une manière étonnamment sobre. Le regard timide et désinhibé de la plus jeune fille contraste fortement avec le regard timide de la sœur aînée. Le tendre jeu des mains constitue le centre du tableau. Les filles ont posé de manière anonyme. Sur la base du portrait d'Elodie Lamotte dans la collection de KMSKB, elles ont pu être identifiées récemment comme les sœurs Aline et Elodie Lamotte de Nafraiture.

À propos de cette œuvre

Détails de l'objet

  • TitreLes Boëchelles. Deux enfants paysans wallons
  • Date1888
  • Supporthuile sur toile
  • Dimensions124,6 × 91,6 cm
  • Numéro d'inventaire1264
  • Inscriptionsen bas à gauche : L. Frederic/ 1888

En savoir plus sur cette œuvre

Le jeune Léon Frederic découvre au Salon de Bruxelles de 1881 le tableau Les Foins du naturaliste français Jules Bastien-Lepage, où un couple de paysans se repose dans le foin (Paris, Musée d’Orsay, n° d’inv. RF 2748). Comme quantité d’artistes européens, Frederic est instantanément impressionné par l’art à caractère social de Bastien. Les paysans et les ouvriers vont désormais peupler ses toiles. Il les met en scène d’une matière très moderne, dans l’esprit de la nouvelle peinture : objective et réaliste, avec un soin minutieux pour la lumière, l’air et la texture. Les boëchelles – des petites filles en patois wallon – a été peint en 1888. Une toile de 1886 portant le même titre fait partie d’une série de tableaux intitulée Les âges du paysan (Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, n° d’inv. 3763-3767). Elle montre huit petites filles dans un champ de fleurs dans le village ardennais de Nafraiture. Ici, Frederic peint deux petites filles dans un intérieur paysan misérable. Elles sont assises droites sur une chaise, avec à l’arrière-plan un lambris en bois et un mur bleulézardé. Ce sont deux sœurs, elles ont la même couleur de cheveux et sont habillées de la même façon: un tablier bleu délavé et de gros sabots. Elles sont un peu tendues et regardent le spectateur d’un air farouche. La plus jeune recherche le réconfort après de l’aînée en s’appuyant sur elle. Dans un geste apaisant, la grande laisse les bouts des doigts de sa petite sœur reposer sur sa main. Ce geste tendre constitue le point central du tableau. A partir de 1883, Frederic passe des semaines, parfois des mois dans le village pittoresque de Nafraiture. Il y réalise quantité d’études des paysages et des villageois. Un dessin préparatoire au crayon des Boëchelles (Bruxelles, Cabinet des Estampes KBR, n° d’inv. SV82014) montre deux petites filles assises dans la nature, avec en fond de toile le clocher de l’église de Nafraiture. Le peintre y a repris la composition des petites filles de la série Les âges du paysan. De retour en atelier, il modifie encore le décor et opte pour un intérieur. Avec Les boëchelles, Frederic s’inscrit dans le genre classique du double portrait, plus particulièrement de sœurs. Il s’est probablement inspiré du portrait de de Jeanne et Marguerite Schlobach par Theo Van Rysselberghe (Liège, Musée des Beaux-Arts de Liège, n° d’inv. 304). Ces deux artistes amis partagent l’ambition moderne de traduire la vie. Mais tandis que Van Rysselberghe peint la bourgeoisie, Frederic, lui, s’intéresse à la vie pauvre et dure de la paysannerie. Les petites filles qui posent pour Frederic n’ont pas de nom. Ce n’est que récemment qu’elles ont été identifiées sur base du portrait d’Elodie Lamotte (Bruxelles, KMSKB, n° d’inv. 11638) comme les sœurs Aline et Elodie Lamotte de Nafraiture. Le tableau est exposé à de multiples occasions, y compris à Paris, où il remporte un grand succès au Salon du Champ de Mars de 1890. Des critiques de renom louent Frederic comme le digne successeur de Jules Bastien-Lepage. La toile trouve finalement acquéreur à l’Exposition Universelle de 1894 à Anvers et part dans une collection d’art. Le musée en fait l’acquisition de l’artiste lui-même pour la modeste somme de 3.500 francs.

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